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M et la Boccia il y a 8 jours
Hier, réveil, 5h45. C’est parti pour une journée à Paris. D’habitude, les journées à Paris, c’est pas ce qui m’enchante. Je suis pas fan de la capitale, je suis pas fan des grandes villes. Pourquoi ? Parce que, simplement, il y a beaucoup de monde. Et pour moi, c’est assez compliqué. Mais là, j’y vais en me disant que, vraiment, c’est un défi. Je me mets dans la peau d’un personnage. Je prends un rôle, je mets ma cape, et on y va. 7h30, on est partis pour Paris. Sur la route, on récupère Jean-Christophe et Geoffrey. Les deux personnes qui vont nous accompagner pour faire des photos. On arrive sur place, 9h15. Parfait, on avait prévu 9h30.

On sort les fauteuils de la voiture, je prends place dans mon nouveau bolide, et là, pour sortir du parking une énorme montée, que même en marchant c’est difficile. Alors en roulant, à froid, et sans avoir encore coopéré avec mon nouveau copain - le fauteuil, eh bien, me voilà à pousser comme une dingue sur mes bras, ça mets dans le game, comme dirait les d'jeun's. Ok, du coup, on va pour sortir, et là, dommage...il y à des marchs. Ça commence bien!! Bon bah, du coup, on va sortir au même endroit que pour les voitures. Nous voilà sur le parvis de Montparnasse. Top départ, 9h35. On y va, on roule.

Bon par contre faut pas déconner, il manque un café, donc très rapidement on s’arrête, il est déjà, je pense que 10h, on s’arrête, on boit un café. Première difficulté : c’est pas adapté, donc je ne peux pas aller aux toilettes.

Nous voilà repartis, et là, on ne s’arrête plus de si tôt. J’apprends à slalomer entre les gens, je me sens plutôt bien. Je me sens dans ma bulle, en sécurité, en front pour le moment. Tous les feux sont au verts. Et puis, je me rends compte très rapidement que pour monter un trottoir, en fait, il faut savoir le faire. Il faut monter les deux petites roues du fauteuil au-dessus du trottoir. Pour ça, il faut lever le fauteuil. Donc, quand tu ne sais pas faire et que tu n’as pas l’usage de tes jambes pour pousser le fauteuil, c’est super compliqué. Il a donc fallu que j’apprenne à donner une impulsion à mon fauteuil pour lever les roues de devant.

La première fois, je n’y arrive pas. J’ai failli basculer en avant. La deuxième fois, je n’y arrive toujours pas. Je suis morte de rire, je n’en peux plus. La troisième fois, ça passe. Et puis après, je me prends pour un ninja et je me dis que ce n’est pas un petit trottoir qui va m’arrêter. Et donc, j’y vais. Et là, je mets tellement d’impulsion sur mon fauteuil que je bascule, je fais une roue arrière, mais je ne tombe pas!!! Je me rattrape et me laisse repartir. Donc, j’ai fait une grosse frayeur à chacun d’entre nous, mais sans chute.

Allez, le parcours continue. Ah, nous voilà dans la rue de Paris, remplie de pavés. Je me rends compte de la difficulté de chaque pavé qui est là et qui n’est pas droit, qui ressort un petit peu, de chaque trottoir, de chaque détour qu’on doit faire pour récupérer la route qui est en face de nous, mais qu’on ne peut pas prendre, donc il faut faire tout un détour pour aller chercher les passages piétons qui sont super loin. Voilà, je me rends compte de tout ça et des kilomètres en plus qu’on se rajoute. Mais c’est OK, je suis en forme, mes bras suivent, franchement ça va.

On a une super équipe, tout le monde est dans la bienveillance. Je me rends compte rapidement que pour Eugénie, c’est difficile de me voir comme ça, c’est difficile de voir que de temps en temps je suis en difficulté. Et puis, nous voilà arrivés fin de matinée, ça commence à tirer sur mon bras gauche principalement. Alors je ne comprends pas tout de suite pourquoi. Je me dis que je suis peut-être mal installée dans le fauteuil, mais je sens que j’ai mal.
Je le dis à Eugénie :
" je commence à avoir mal au bras gauche. Mais voilà, je serre les dents, on y va, c’est parti."
Et puis je sens que pour elle, c’est difficile, que quand elle me voit en difficulté, elle n’a qu’une envie, c’est de m’aider, sauf qu’on s’est dit que c’était interdit pour la journée. Donc voilà, c’est compliqué pour elle, mais elle est là, elle me regarde avec beaucoup de bienveillance et les échanges de regards sont importants pour se dire que tout va bien.

Eric est toujours à mes côtés, deux chiens et chats qui sont en train de se chicaner tout au long de la journée. Je crois qu’on a fait rire nos photographes, on a fait rire Eugénie, on a fait rire tout le monde parce qu’on est toujours en train de se vanner. Et ça, ça a été agréable, et c’est ce qui fait aussi que la journée s’est vraiment très bien passée.
On décide d’aller manger. Il est midi, tout le monde commence à avoir faim. Moi je sens que la fatigue arrive, donc avant de devenir insupportable, allons manger, ça va faire du bien.

On arrive dans ce petit restaurant atypique. On est dans une atmosphère jungle. On mange des tapas, franchement tout va bien, ça fait du bien. Et puis au moment de repartir, les gens voient nos drapeaux avec marqué "La Traversée de Paris", on se fait quand même encourager par pas mal de personnes qui nous applaudissent, qui nous disent bon courage. Moi, ça, c’est la première fois et ça me fait rire. Et puis le gérant de ce restaurant nous dit :
« Ah là là, tous les deux, vous allez vous installer pile ici. »
Il nous montre une petite plateforme au sol. Je comprends tout de suite et je dis :
« Ah, vous allez nous faire monter. Vous allez nous faire monter en l'air?. » Il dit : « Oui, exactement, vous allez voler. » Superbe.
Alors là, moi, je suis au paradis. Nouvelle attraction dans Disney, c’est super. Nous, on monte sur la petite plateforme. Les deux fauteuils passent pile poil. Et là, on monte, mais on ne monte pas bien haut. Je pense qu’on monte à un mètre, un mètre dix. C’est pas très haut, mais quand t’es au fauteuil et que tu vois que tu montes, ah c’est génial, j’ai adoré. Ça nous a fait rester notre petit moment de plaisir.

Et puis, on est repartis dans les rues de Paris, les pavés, les feux rouges, les piétons, les trottoirs. Et surtout, surtout, les trottoirs inclinés, parce qu’on ne se rend pas compte à pied, mais chaque trottoir penche d’un côté ou de l’autre.

Et donc là, je me rends compte que chaque trottoir monté, chaque dénivelé, chaque pavé sur la rue des Champs-Élysées est pour moi une horreur et me tire sur le bras à chaque fois. Vraiment, ça devient compliqué, mais je reste toujours positive et toujours de bonne humeur. Et puis, on est aux trois quarts de la rue des Champs-Élysées, et là, c’est dur. Vraiment, c’est dur. Je baisse la tête, c’est dur. Tout le monde essaie de me rebooster en disant : « Allez, tu vas y arriver, c’est bientôt la fin. » Et là, je suis sur un passage piéton où le trottoir est un peu plus haut, donc il faut vraiment donner une impulsion. Je suis KO.

Et là, Eugénie me dit : « Oh là là, il y a Louis Vuitton, j’aurais adoré pouvoir y aller ! » Bon, ben là, on explose de rire avec Eric, pendant que moi, je suis dans le rouge, elle, elle pense à faire les magasins. J’ai adoré ce moment-là parce que je me suis dit : « Ça, c’est ma cherie tout craché, mais c’est surtout quelqu’un qui me considère comme je suis et pour qui je suis, et pas parce que je suis en fauteuil en train de lutter. » Ça a été un moment fort pour moi.

Dans l’après-midi, tout le monde est un petit peu à bout de force, donc on s’arrête vers 15 heures pour boire un Coca, un café, et repartir avec un peu d’énergie. Et là, on perd notre premier soldat : Geoffrey. Lui, il n’en peut plus et décide de prendre le train pour rentrer. À ce moment-là, dans ma tête, je me dis : « OK, il y en a qui sont prêts à abandonner sur le trajet, mais moi je ne veux pas ça. Je veux aller jusqu’au bout. » Mais je comprends aussi qu’il va falloir que je me batte et que je lutte avec mon corps.

Allez, nous voilà en haut des Champs-Élysées. Franchement, je ne veux plus en entendre parler de cette route. Ça a été la rue la plus longue pour moi dans cette journée. C’était vraiment, vraiment compliqué. Mais voilà, on passe la Concorde, on arrive à la Tour Eiffel, on fait des photos. On aime le moment, on passe par les petits jardins du Trocadéro. Ce moment fait du bien. Me permet de me rebooster un peu, de garder de l’énergie. Mais à partir de ce moment-là, je ne vois plus notre avancée de la même manière.

Chaque endroit que je traverse est réfléchi. J’apprends à lire la route comme on pourrait lire une rivière pour aller chercher des rapides pour les kayakistes. C’est un peu pareil pour moi aujourd’hui. J’apprends à lire la route en me disant : « OK, là, ça penche. Ça va encore travailler sur mon bras gauche. Non, il faut que je le préserve. Donc, on va aller sur la route. On ne va pas passer par les pavés. » Mon avancée n’est plus la même. Je n’avance plus bêtement pour suivre le parcours, mais j’avance pour préserver mon corps et aller jusqu’au bout.

Là, il faut vraiment dire que chaque poussée que je fais avec mes bras, c’est un coup de jus que je me prends dans le bras gauche. C’est vraiment un sentiment que je n’ai jamais eu. Une douleur atroce. Je n’arrivais même plus à monter mon bras sur la roue pour pousser sur la main courante. Horrible.

Et donc on continue, et franchement, je crois que toutes les quinze minutes, je dis à Eric : « On en est où ? » Il me dit : « Il reste 4,02 km. » Un quart d’heure après : « Eric, on est à combien ? » « Il reste 4,80 km. » Mais non, c’est pas possible ! Ça m’a fait rire, des rires nerveux, mais au moins, ça m’a tenue dans les moments difficiles.

Nous voilà dans le dernier moment. On sent que tout le monde est fatigué. Eric, je sens qu’il fatigue aussi, mais il se raccroche à moi, il me donne de l’énergie, donc ça lui en donne aussi. Eugénie, c’est bon, elle en a marre, ça fait huit heures qu’on marche. Jean-Christophe, qui a couru toute la journée pour nous prendre en photo, ça se voit qu’il est épuisé. Chaque pas est automatique. Donc, se pose la question : est-ce qu’on retourne au parvis de Montparnasse ou est-ce qu’on va directement au parking ? Si on allait directement au parking, on gagnait un peu de temps. Mais Jean-Christophe nous dit : « Non non, il faut faire la photo finale au parvis de Montparnasse. » À ce moment-là, je le déteste pour de vrai. Je me dis : « Non, c’est pas possible. » Mais je ne dis rien, je suis là pour vivre mon défi. Je baisse la tête, et j’y vais. À chaque poussée, je sais qu’il a raison. Il fallait que j’aille au point qu’on avait fixé dès le départ. Mais j’avoue que ces derniers mètres, je les ai détestés.

Et donc voilà, on n’est pas loin de l’arrivée. Franchement, il nous reste 20 minutes. Mais je me sens seule. Je me sens seule alors qu’ils sont tous là, avec moi. Je les entends, ils me parlent, mais je me sens seule. Seule dans ma galère à devoir pousser mon fauteuil avec mon bras gauche qui ne peut plus. Je le remonte à chaque fois pour rattraper la main courante, mais je ne sais même pas comment j’y arrive. Chaque fois, c’est une douleur atroce, un coup de jus, mais je le fais. Il faut monter, il faut y aller. Et on ne s’arrête pas là.

Je vois Eric et Eugénie qui montent, qui montent. Ils ne sont pas bien loin, mais moi j’ai l’impression qu’entre eux et moi, il y a une montagne entière. Je pense qu’ils étaient à 20 mètres de moi, mais j’ai l’impression que c’est 10 kilomètres. Et eux, ils sont là-haut, à me regarder, à m’attendre. Et moi, je suis la petite tortue dans son fauteuil. Je me sens seule.

Tellement seule que je pense à une amie qui m’a dit : « Moi, quand je cours, j’ai une montre connectée, et on m’envoie des messages d’encouragement pour continuer. » Là, je me suis dit : « J’aurais bien aimé avoir une montre connectée qui m’envoie des messages d’encouragement. » Parce qu’eux, ils papotent là-haut, et moi, je souffre en bas. Ce sentiment était incroyable, parce que je n’avais jamais eu besoin qu’on me tire vers le haut. Et là, j’en avais besoin. Et ce que j’ai eu, très peu de temps après. Je pense qu’il s’est passé une minute, et j’ai eu ce message d’Eric et d’Eugénie qui me disent : « Allez, Mélissa, on y va ! » Et hop, je suis repartie. Ça m’a fait rire. Mais sur ces dernières 20 minutes, j’ai eu une réalité atroce à vivre.

Enfin voilà, c’est fait. Nous voilà sur le parvis de la gare Montparnasse. Je suis contente, mais je n’arrive pas à avoir d’émotions positives ou négatives. Ça y est, on est arrivés. La page est tournée. Et… à quand le prochain défi ?

Pour terminer, on a fait 27 kilomètres pour une annonce à 20 kilomètres et nous avons fait 9h30 de trajet. Mais si on enlève toutes les pauses, que ce soit les pauses photo, les pauses repas, les pauses café, et les détours, enfin les pauses au moment des feux rouges, on a roulé non-stop pendant 4h30 pour 27 kilomètres.

Un énorme MERCI à Eugénie Riviere pour son soutien et sa présence 🥰
Merci à cheri pinpin pour ce defi fou que jai adoré. Eric Gigan
Merci a Geoffrey et Jean christophe pour leur présence et les photos faites.
Merciiii à vous tous pour votre soutient

Un jour on vous partagera les photos et videos faites 😉
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